Cuisine Indienne végétarienne

LE VÉGÉTARISME

 Même une lecture superficielle des Écrits religieux traditionnels de l'Inde révèle que le végétarisme a toujours été très répandu dans ce pays. On lit dans Manu-smriti (5.49), guide védique du comportement humain :

« Après avoir mûrement considéré l'origine des aliments carnés et la cruauté de la captivité et de la mise à mort d'être incarnés, que l'humain s'abstienne de toute consommation de chair. »

Le même ouvrage ajoute que le fait de manger de la viande « requiert qu'on tue , et mène par conséquent à l'asservissement karmique (bandha). »

Dans le Mahabharata, le grand guerrier Bishma explique à Yudhisthir, l'aîné des princes Pandavas, que la chair des animaux étant comme celle de notre propre enfant, manger de la viande ne peut qu'être répugnant. Le Mahabharata insiste sur ce point. Les brahmanes de l'Inde antique érigeaient la propreté en principe divin. Mais le Mahabharata nous prévient que la consommation de nourriture immonde n'est cependant pas aussi abominable que de se nourrir de chair.

Le Mahabharata ajoute : «  Manger de la viande relève des plus sombres modes d'existence, engendrant ignorance et maladie. » On y explique qu'une alimentation végétarienne saine est sallvique, c-à-d. qu'elle appartient à la vertu, et peut accroître la pureté de la conscience et la longévité. Les Écritures védiques ne limitent pas leur exposé sur l'alimentation au rejet de la cruauté et de la tuerie et aux vertus du végétarisme. Selon ces mêmes textes, on doit offrir toute sa nourriture en sacrifice à Dieu : « Quoi que tu fasses, que tu manges, sacrifies ou prodigues, quelque austérité que tu pratiques, que ce soit pour M'en faire l'offrande », nous dit Krishna. (Bhagavad-gita 9.27) Évitons d'en conclure cependant que n'importe quel aliment peut Lui être offert. La Gita (9.26) précise en effet : « Que l'on M'offre avec amour et dévotion une feuille, une fleur, un fruit ou un peu d'eau, et cette offrande, Je l'accepterai. » D'autres passages de la littérature védique confirment que fruits, légumes, céréales, noix et produits laitiers peuvent être consommés par l'être humain. Ceux qui vivent l'enseignement de la Gita ne mangent ni viande, ni poisson, volaille ou œuf, puisqu'ils ne sont pas sanctionnés par les Écritures ou les sages védiques.

La Bhagavad-gita (3.13) ajoute qu'en offrant sa nourriture à Dieu avec amour selon les directives scripturaires, on s'affranchit de toute faute comme de toute renaissance en l'univers matériel qui pourrait s'ensuivre : « Les dévots du Seigneur sont affranchis de toute faute parcequ'ilsne mangent que des aliments d'abord offerts en sacrifice. Mais ceux qui préparent des mets pour leur seul plaisir ne se nourrissent que de péché. » Les reliefs de telles offrandes dévotionnelles sont appelés prasad (littéralement « la grâce du Seigneur »). La plupart des temples en Inde distribue généreusement de la nourriture végétarienne sanctifiée (prasad) pour le bien des multitudes qui s'y rendent chaque jour. Narada Muni, un des plus célèbres sages védiques, fut inspiré à entreprendre une quête spirituelle par le seul fait d'avoir gouté des mets offerts au Seigneur. D'entre les mouvements contemporains fondés sur la religion et la philosophie védiques, ISKCON (Fédération Internationale pour la Conscience de Krishna) est reconnu comme un grand défenseur du végétarisme et plus particulièrement pour sa distribution de prasad. Aussi, les nombreux temples et restaurants d'ISKCON ne servent que de la nourriture végétarienne sanctifiée, le prasad, aux invités.

REGARDS SUR LE VÉGÉTARISME

 « À mon avis, par son action purement physique sur la nature humaine, le végétarisme influerait de façon très bénéfique sur la destinée de l'humanité. » Albert Einstein

 « Tant que les humains massacreront les animaux, ils continueront de s'entretuer. En effet, qui sème souffrance et mort ne peut récolter ni joie ni amour. » Pythagore

 « L'homme qui veut tuer un tigre dira que c'est un sport, mais que ce soit le tigre qui essaie de la tuer et il dénoncera sa férocité. »

« On qualifie de charogne le cadavre d'une vache ou d'une brebis morte au pré. Une fois une carcasse apprêtée par le boucher, on prétend que c'est désormais de la nourriture ! »

« Le fait de manger de la viande détruit les semences de la compassion. » Mahaparinirvana Sutra (Texte sacré boudhiste)

« Et dans son corps, la chair des animaux tués deviendra sa propre tombe. Car en vérité je vous le dis, celui qui tue se donne la mort et quiconque mange la chair d'animaux mis à mort se nourrit du corps même de la mort. » L'Évangile essénien de la Paix

 « Toute irrévérence envers la vie, tout acte qui néglige la vie, qui est indifférent à la vie et qui la dilapide est un pas vers l'amour de la mort. C'est un choix que l'humain doit faire à chaque instant. Les conséquences du mauvais choix n'ont jamais été aussi draconiennes et irréversibles qu'aujourd'hui. Jamais l'avertissement de la Bible n'a-t-il été aussi urgent : « J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance. » (Deutéronome 30:19) Erich Fromm

 « La grandeur et l'évolution morale d'une nation peuvent se mesurer à la façon dont elle traite les animaux. » Mahatma Gandhii

LE VEGETARISME: POURQUOI ET COMMENT ?

En Inde, le végétarisme est plus qu'une tradition, car il a ses racines dans les Écritures védiques, fondement même de la civilisation du sous-continent. Le végétarisme, bien entendu, ne connaît pas de frontières, et les pays d'Occident ont aussi leurs végétariens, mais comme ceux-ci représentent une minorité — qui compte pourtant toujours plus d'adhérents —, ils sont généralement considérés comme des fantaisistes. Pourtant, les savants commencent à découvrir ce que les Textes anciens soutiennent depuis des millénaires: le végétarisme est, pour l'être humain, la meilleure façon de se nourrir. Le mot "végétarien" vient du mot latin vegetus, qui signifie: "sain, frais, vif", comme dans homo vegetus, "une personne mentalement et physiquement vigoureuse". Le végétarisme implique aussi une ligne de conduite philosophique et morale; il n'est pas restreint au fait de suivre un régime alimentaire. Il existe bien entendu plusieurs théories sur l'alimentation, mais les Écritures de l'Inde définissent le végétarisme pur comme l'abstention de viande, de poisson et d'œufs. Combinant céréales, fruits et légumes, et accordant une importance particulière aux produits laitiers, le régime védique s'harmonise au mieux avec les lois divines et naturelles. Fondé sur une saine philosophie, sur la science et le bon sens, il est celui de la civilisation indienne depuis les temps les plus reculés. Il n'est donc pas étonnant que dans un Occident en mal de pureté et de vérité, des milliers de personnes de toutes conditions sociales se tournent vers le végétarisme.

Gopala Krsna · Centre culturel de l'Inde

Penchons-nous maintenant sur les principales raisons qui poussent l'homme à devenir végétarien.

Santé et nutrition

A l'heure actuelle, alors que se succèdent des découvertes médicales et scientifiques plus saisissantes les unes que les autres, il est désormais prouvé que la consommation de chair animale engendre la maladie. Voici quelques exemples:

1) Des études ont démontré que la physiologie de l'homme diffère de celle des carnivores, dont l'estomac est plus musclé, les sécrétions gastriques dix fois plus acides et les intestins beaucoup plus courts, si bien que les viandes non digérées stagnent plus longtemps dans son organisme, et leur putréfaction entraîne de nombreuses maladies ainsi que le vieillissement prématuré.

2) Le problème est d'autant plus grave que de nos jours on gave les animaux de grandes quantités d'hormones et d'anticorps pour les engraisser plus rapidement, substances qui entraîneraient la formation de tumeurs et de cancers.

3) Le professeur Pech, de la Faculté de médecine de Montpellier, impute les maladies de coeur à la présence d'antibiotiques dans les viandes de boucherie. En outre, les cancers de la rate et du côlon seraient dûs à l'intoxication chimique et à la putréfaction.

4) Les chercheurs ont découvert que les viandes cuites sont hautement cancérigènes. Un kilo de viande cuite au barbecue, par exemple, contient autant de benzopyrène que la fumée de 600 cigarettes.

5) De graves dangers de carence ont été mis en évidence par les travaux des Anglais Burkitt et Trowell, qui ont découvert que la viande est très pauvre en fibres végétales (cellulose). Ces carences se manifestent tout d'abord sous forme de constipation, de migraines, de lassitude..., après quoi apparaissent toutes les maladies dites "de civilisation", comme le cancer, l'arthrite, les maladies cardiaques, etc.

6) Les Français, qui sont les plus grands consommateurs de viande en Europe (112 kg par an et par habitant), y détiennent un autre record, celui des maladies de cœur (41% des décès leur sont imputés).

7) La viande rouge (même très maigre) contient une énorme quantité de graisse (10 à 20 %), en outre de mauvaise qualité puisque riche en acides gras saturés, ce qui cause un excès de cholestérol, d'où les maladies cardio-vasculaires, la mauvaise fixation du calcium (crampes, nervosité, insomnies...), les digestions lourdes, etc. Les graisses sont par ailleurs le lieu de stockage par excellence des poisons chimiques.

Protéines animales ou protéines végétales ? La science moderne réfute l'idée que les protéines animales soient seules complètes, c'est-à-dire qu'elles seules contiendraient les huit acides aminés que l'organisme humain ne semble pas pouvoir fabriquer. Les recherches de l'Institut Max Planck en Allemagne, pour ne citer que celles-là, montrent que les pommes de terre, les légumes verts, les légumineuses, les céréales, les fruits, les noix, les amandes et les graines comestibles, comme celles du tournesol, sont riches en protéines complètes. Il en ressort aussi que l'assimilation des protéines végétales demande moins d'effort au système digestif. La plupart des diététiciens d'aujourd'hui reconnaissent qu'un régime pauvre en protéines animales favorise la santé et la longévité. Plusieurs d'entre eux, comme le renommé Dr Ragnar Berg de Suède, ont découvert que 30 à 45 grammes de protéines par jour, facilement fournies par un régime lacto-végétarien, suffisent amplement, alors qu'on croyait volontiers depuis le XIX' siècle qu'il en fallait au moins 100 grammes.

La proportion de protéines ingérées qui est assimilée par le corps est de 67% pour la viande, 82% pour le lait, 70% pour le fromage et le riz, et 63% pour le blé et le soja. Bien que certains de ces aliments apportent moins de protéines qu'un poids égal de viande, ils pourvoient facilement aux besoins quotidiens du corps. A titre d'exemple, un demi-litre de lait, qui contient 4 à 5% de protéines, donnerait 16 grammes de protéines assimilables, soit 40% du besoin quotidien; et 40 grammes de fromage frais en donneraient 30%. Les protéines animales cuites laissent des résidus toxiques dans l'organisme, ce qui peut causer de sérieux problèmes de santé, tels que l'accumulation d'acide urique et d'urée dans les tissus, des troubles intestinaux, l'arthrite et des maladies cardiaques et rénales.

Les mangeurs de viande sont-ils en meilleure santé que les végétariens ? Pour le savoir, quelle meilleure preuve pouvons-nous trouver que celle offerte par les peuples vivant depuis des siècles d'un régime végétarien ou pauvre en protéines animales? 1) Les Hunzas, qui habitent dans l'Himalaya, sont considérés par les hygiénistes, parmi lesquels le Dr R.Mc Carrison, célèbre médecin anglais, comme le peuple possédant la meilleure santé du monde. Ils restent virils, forts et actifs parfois jusqu'à l'âge de 90 ou 100 ans. Les chercheurs ont mis en évidence que le facteur le plus important de leur santé et de leur longévité est la richesse en hydrates de carbone et la pauvreté en protéines animales de leur régime. 2) En Inde, on compte des milliers de centenaires parmi les personnes saintes, les sadhus et les yogis, qui s'abstiennent de viande, et dont plusieurs ne se nourrissent que de lait. 3) Les Russes et les habitants des pays balkaniques, les Bulgares en particulier, sont connus pour leur santé et leur longévité. Par million d'habitants, on compte 32 centenaires chez les Russes et 40 chez les Bulgares, contre 8 chez les Américains et 6 chez les Français. Pourtant, 79% dés protéines ingérées par les Russes proviennent de source végétale, alors que 21% seulement sont d'origine animale — l'inverse étant le cas pour les Français. Sur 150 centenaires bulgares, 140 n'ont jamais mangé de viande.

Le point de vue économique

Sur le plan économique, le régime non végétarien est responsable d'une véritable tragédie. La production de viande enrichit une petite partie de la population au détriment de la et le manque de respect à l'égard de la vie. C'est ainsi que pensait Pythagore: "Celui qui tue les animaux et en mange la chair aura tendance à massacrer ses semblables."

Une personne peut décider de devenir végétarienne pour une ou plusieurs de ces raisons. La Conscience de Krishna, où la motivation spirituelle du végétarisme englobe toutes les autres considérations — qu'il s'agisse de la santé, de la nutrition, de l'économie ou de la morale — va toutefois plus loin, en disant que le végétarisme n'est pas une fin en soi. Le véritable but à atteindre est de vivre en accord avec les lois de Dieu, et de se nourrir d'aliments pouvant Lui être offerts. Shrila Prabhupada disait: "Les pigeons et les lapins sont aussi végétariens. En quoi donc l'homme se distingue-t-il d'eux ? En ce qu'il peut offrir sa nourriture à Dieu." La loi divine nous enjoint de ne pas commettre de violence inutile.

Pour s'y conformer, il faut savoir que tous les êtres possèdent une âme. Les Ecritures védiques nous apprennent que la vie, quelle que soit la forme qu'elle revêt, est la manifestation d'une âme dont la présence est perçue à travers la conscience de l'être. Cette conscience se manifeste différemment selon les espèces (humaines, animales et végétales), mais toutes n'en méritent pas moins d'être respectées en tant qu'êtres vivants dotés d'une âme. Les animaux et les plantes n'ont pas le choix de leur nourriture. Selon leur constitution propre, ils recherchent d'emblée l'aliment qui leur est destiné, et ils n'encourent pour cela aucune faute. En revanche, l'homme qui utilise mal son intelligence et cède aux caprices de son palais massacre des êtres innocents. Non seulement il ingère ainsi des substances ne convenant pas à son organisme, mais il devra en outre subir les conséquences de ses actes (karma). Cette loi universelle du karma veut que chaque action entraîne une réaction proportionnelle, et que le fait d'abattre des animaux fait peser sur nous le poids d'actes coupables pour lesquels nous seront punis dans cette vie ou dans la prochaine, car les conséquences des actes accomplis sous la forme humaine suivent l'être d'un corps à un autre. Etant donné notre compréhension limitée, le principe ne nous apparaît peut-être pas évident, mais il n'en est pas moins réel. Il faut ici ouvrir une parenthèse pour expliquer la notion de "vache sacrée", très mal comprise en Occident.

Les Ecritures védiques enseignent que la vie sous toutes ses formes mérite le respect, surtout lorsqu'il s'agit de la vache et du boeuf, essentiels au développement de l'homme. La vache, comme une mère, nous nourrit de son lait ; le boeuf, comme un père, nous permet de subvenir à nos besoins matériels, car il nous aide aux travaux des champs et à nombre d'autres tâches pénibles. Bien que le contexte moderne tende à éclipser l'importance de ces animaux, qui favorisent naturellement un mode de vie simple, paisible et vertueux, ils ne demeurent pas moins de véritables symboles, non seulement de pureté et de spiritualité, mais aussi d'économie et de santé. Ils ne mangent en effet que de l'herbe, un produit peu coûteux, et le lait de la vache est une source importante de substances nutritives. Il est vrai que les végétariens doivent eux aussi détruire la vie en se nourrissant de plantes, mais un régime ne détruisant aucune forme de vie serait impossible à définir. Il s'agit plutôt de causer le moins de souffrance possible tout en répondant aux besoins nutritifs de l'organisme. Cela nous ramène à l'objet central du régime védique : le végétarisme, bien qu'essentiel, n'est pas suffisant. Les Védas recommandent en effet d'offrir sa nourriture à Dieu avant de la consommer. N'est-ce pas la moindre des choses que de Lui montrer notre reconnaissance, à Lui qui pourvoit à toute notre nourriture? En outre, Dieu est une personne, et Il aime savourer les mets que préparent pour Lui Ses serviteurs. Mais le plus important est l'amour avec lequel nous préparons et majorité, car les immenses surfaces de terre fertile utilisées pour l'élevage des animaux de boucherie pourraient être plus efficacement employées à la culture des céréales. D'ailleurs, l'animal ne donne qu'un kilo de viande pour seize kilos de céréales ingérées; en rétablissant l'équilibre, on pourrait combler 100% des carences alimentaires du monde entier. En contrepartie, deux à trois kilos de céréales mangés par une vache donnent un litre de lait, qui, avec les légumes, les fruits et les céréales, fournit toutes les substances nutritives nécessaires à l'homme.

Le point de vue moral

Le massacre de plus de quinze milliards d'animaux chaque année ne peut être justifié par la seule notion de "la supériorité de l'homme". Pourquoi tuer des animaux pour manger quand la nature nous offre tant d'autres aliments? L'abattage des animaux, comme tout acte cruel, ne peut développer chez l'homme que l'insensibilité, voire le sadisme et le manque de respect à l'égard de la vie. C'est ainsi que pensait Pythagore: "Celui qui tue les animaux et en mange la chair aura tendance à massacrer ses semblables." 

Une personne peut décider de devenir végétarienne pour une ou plusieurs de ces raisons. La Conscience de Krishna, où la motivation spirituelle du végétarisme englobe toutes les autres considérations —qu'il s'agisse de la santé, de la nutrition, de l'économie ou de la morale— va toutefois plus loin, en disant que le végétarisme n'est pas une fin en soi. Le véritable but à atteindre est de vivre en accord avec les lois de Dieu, et de se nourrir d'aliments pouvant Lui être offerts. Shrila Prabhupada disait: "Les pigeons et les lapins sont aussi végétariens. En quoi donc l'homme se distingue-t-il d'eux? En ce qu'il peut offrir sa nourriture à Dieu." La loi divine nous enjoint de ne pas commettre de violence inutile. Pour s'y conformer, il faut savoir que tous les êtres possèdent une âme. Les Ecritures védiques nous apprennent que la vie, quelle que soit la forme qu'elle revêt, est la manifestation d'une âme dont la présence est perçue à travers la conscience de l'être. Cette conscience se manifeste différemment selon les espèces (humaines, animales et végétales), mais toutes n'en méritent pas moins d'être respectées en tant qu'êtres vivants dotés d'une âme. Les animaux et les plantes n'ont pas le choix de leur nourriture. Selon leur constitution propre, ils recherchent d'emblée l'aliment qui leur est destiné, et ils n'encourent pour cela aucune faute. En revanche, l'homme qui utilise mal son intelligence et cède aux caprices de son palais massacre des êtres innocents. Non seulement il ingère ainsi des substances ne convenant pas à son organisme, mais il devra en outre subir les conséquences de ses actes (karma). Cette loi universelle du karma veut que chaque action entraîne une réaction proportionnelle, et que le fait d'abattre des animaux fait peser sur
nous le poids d'actes coupables pour lesquels nous seront punis dans cette vie ou dans la prochaine, car les conséquences des actes accomplis sous la forme humaine suivent l'être d'un corps à un autre. Etant donné notre compréhension limitée, le principe ne nous apparaît peut-être pas évident, mais il n'en est pas moins réel. Il faut ici ouvrir une parenthèse pour expliquer la notion de "vache sacrée", très mal comprise en Occident. Les Ecritures védiques enseignent que la vie sous toutes ses formes mérite le respect, surtout lorsqu'il s'agit de la vache et du bœuf, essentiels au développement de l'homme. La vache, comme une mère, nous nourrit de son lait; le bœuf, comme un père, nous permet de subvenir à nos besoins matériels, car il nous aide aux travaux des champs et à nombre d'autres tâches pénibles. Bien que le contexte moderne tende à éclipser l'importance de ces animaux, qui favorisent naturellement un mode de vie simple, paisible et vertueux, ils ne demeurent pas moins de véritables symboles, non seulement de pureté et de spiritualité, mais aussi d'économie et de santé. Ils ne mangent en effet que de l'herbe, un produit peu coûteux, et le lait de la vache est une source importante de substances nutritives. Il est vrai que les végétariens doivent eux aussi détruire la vie en se nourrissant de plantes, mais un régime ne détruisant aucune forme de vie serait impossible à définir. Il s'agit plutôt de causer le moins de souffrance possible tout en répondant aux besoins nutritifs de l'organisme. Cela nous ramène à l'objet central du régime védique: le végétarisme, bien qu'essentiel, n'est pas suffisant. Les Védas recommandent en effet d'offrir sa nourriture à Dieu avant de la consommer. N'est-ce pas la moindre des choses que de Lui montrer notre reconnaissance, à Lui qui pourvoit à toute notre nourriture? En outre, Dieu est une personne, et Il aime savourer les mets que préparent pour Lui Ses serviteurs. Mais le plus important est l'amour avec lequel nous préparons et Dieu Lui-même déclare à ce propos dans la Bhagavad-gita: "Que l'on M'offre, avec amour et dévotion, une feuille, une fleur, un fruit, de l'eau, et cette offrande, Je l'accepterai." En Inde, presque partout, on offre sa nourriture à Dieu. Dans le faste des milliers de temples, où la cérémonie se déroule devant un autel richement décoré de fleurs, au son d'instruments de musique accompagnant le chant des hymnes dévotionnels, ou dans l'intimité d'un oratoire familial, le principe reste le même: satisfaire Dieu.

 

Gopala Krsna · Centre culturel de l'Inde

LA SANTE ET L'ART DE MANGER

Si l'Inde est le berceau de la cuisine végétarienne, elle est aussi, par un de ses textes anciens — l'Ayur-veda —, celui de la science de la vie et de la santé. On ne doit pas s'étonner du fait que des écritures spirituelles traitent de la santé corporelle, car ces mêmes textes affirment que le corps humain représente un don de Dieu pour permettre à l'âme de s'affranchir du joug de la matière. C'est dans cette optique que les Vedas soulignent l'importance, pour le spiritualiste, d'une vie saine et équilibrée. La Bhagavad-gita déclare: "Nul ne peut devenir un spiritualiste s'il mange trop, mais aussi trop peu, s'il dort trop, mais aussi trop peu. Qui garde la mesure dans le manger et le dormir, dans le travail et la détente peut, par la pratique du yoga, adoucir les souffrances de l'existence matérielle." L'Ayur-veda précise pour sa part que l'homme désireux de vivre en bonne santé doit apprendre l'art de bien manger pour faciliter le travail de son système digestif, car une mauvaise digestion est à l'origine de la plupart des maladies. Voici donc quelques conseils sur l'art de se nourrir, tirés de l'Ayur-veda et d'autres écrits védiques.

Mangez avec modération

On ne doit manger que la moitié de la quantité de nourriture que l'on pense pouvoir absorber; il faut réserver un quart de la capacité stomacale pour le liquide et un autre pour l'air. Cette pratique facilite la digestion et accroît ainsi le plaisir de manger.

Ne noyez pas le feu de la digestion

Nous connaissons une sorte de feu, celui que nous utilisons pour faire cuire nos aliments, mais il en est une autre, agissant à l'intérieur de notre corps comme une force invisible, et qui joue un rôle important dans la digestion. Pour ne pas entraver son œuvre, il faut savoir quand et comment boire. L'eau bue avant les repas peut réduire l'appétit et, par là, contribuer à prévenir l'embonpoint; il est également possible de boire un peu pendant les repas afin de faciliter le travail de l'estomac. Mais boire après les repas a tout simplement pour effet de diluer les sécrétions gastriques et de "noyer" pour ainsi dire le feu de la digestion. On peut toutefois prendre un verre d'eau une heure après le repas et ensuite toutes les heures, si besoin est, jusqu'au repas suivant.

Prenez vos repas dans une ambiance agréable

L'angoisse, la colère et la nervosité perturbent la digestion; il importe donc de prendre ses repas en un lieu paisible et agréable. Le Ksema-Kuthala, un livre de cuisine védique datant du 2' siècle, explique que la bonne humeur et une atmosphère plaisante sont aussi importantes pour la digestion que la qualité de la nourriture elle-même. Méditez sur le fait que votre nourriture représente la miséricorde de Dieu, et partagez-la avec autrui; cuisinez-la, servez-la et consommez-la dans un esprit à la fois respectueux et joyeux.

Prenez goût à la nourriture sanctifiée La Bhagavad-gita décrit trois sortes d'aliments: "Les aliments de la Vertu purifient l'existence et en prolongent la durée; ils procurent force, santé, joie et satisfaction. Ces aliments nutritifs sont doux, juteux, riches et pleins de saveur. Les aliments trop amers, acides, salés, piquants, secs ou chauds, sont aimés de ceux que domine la Passion. Ils engendrent souffrance, malheur et maladie. Et chers aux hommes qu'enveloppe l'Ignorance, les aliments cuits plus de trois heures avant d'être consommés, les aliments privés de goût, de fraîcheur, malodorants, décomposés ou impurs, voire les restes." En d'autres termes, la nourriture que l'on consomme influence la qualité de notre existence. Le monde d'aujourd'hui est un proie à beaucoup de souffrances inutiles simplement parce que la plupart des gens n'ont pas vraiment critères pour choisir leur nourriture que le prix et le plaisir immédiat qu'ils en retirent. Outre l'entretien et l'édification de notre corps, l'un des rôles importants de la nourriture sera de purifier notre mental de telle sorte que nous ayons une disposition d'esprit favorable à l'égard de la vie spirituelle. Voilà pourquoi les écrits védiques préconisent d'offrir à Dieu toute nourriture avant de la consommer. Aujourd'hui encore, en Inde, des millions de personnes trouveraient inconcevable d'agir autrement.

Soyez réguliers dans vos habitudes à table. Il faut, dans la mesure du possible, prendre le repas principal à midi, lorsque la force digestive est à son maximum. Les repas du matin et du soir doivent être plus légers. Il est recommandé d'attendre au moins six heures après un repas copieux avant de manger à nouveau, et trois heures après un repas léger. Manger à des heures régulières et éviter de grignoter entre les repas favorise l'apaisement de la langue et du mental.

Offrez du prasad à autrui

Shrila Rupa Gosvami explique dans l'Upadenrita, un livre écrit il y a cinq cents ans, à propos du service de dévotion "Offrir du prasad et accepter du prasad sont l'occasion, pour les dévots, d'exprimer leur amour." Un don de Dieu est trop précieux pour être gardé pour soi seul et c'est ainsi que les Ecritures recommandent de partager le prasad avec d'autres, fussent-ils amis ou inconnus. Dans l'Inde d'hier (cette pratique existe d'ailleurs toujours), il était d'usage que le chef de famille sorte sur le seuil de sa maison avant chaque repas et crie: "Prasad! Prasad! Prasad! Que tous ceux qui ont faim veuillent bien approcher et partager notre repas." Et c'est seulement après avoir servi son ou ses invités qu'il prenait lui-même son repas. Même si cette pratique se raréfie, cherchez les occasions d'offrir de la nourriture à autrui, et vous même savourerez plus encore le goût du prasad.

Évitez le gaspillage

Les Ecritures enseignent que chaque miette de nourriture gaspillée en période d'abondance manquera au moment où nous en aurons besoin. Shrila Prabhupada, lorsqu'il cuisinait, ne gaspillait pas même un grain de riz tombé à terre: il le ramassait, le lavait avec soin, et l'utilisait. Mettez seulement sur votre assiette autant de nourriture que vous pourrez en manger, et conservez les restes pour le prochain repas. Si pour une raison quelconque, vous devez jeter du prasad, donnez-le alors aux animaux, enterrez-le ou jetez-le dans un plan d'eau. Le prasad est sacré et ne devrait jamais être jeté dans la poubelle. Que vous cuisiniez ou que vous mangiez, soyez attentifs à ne pas gâcher de nourriture.

 

Gopala Krsna · Centre culturel de l'Inde

LE REPAS

La cuisine indienne est d'abord et avant tout pratique, car elle se compose de mets de qualité qui, avec un peu d'organisation et d'expérience, seront préparés en un minimum de temps. Lorsque ShrilaPrabhupada cuisinait, le moindre de ses gestes venait à point; il nous montra ainsi qu'un repas complet peut se préparer en moins d'une heure. Commencez par la pâte à puri ou à chapati (pains indiens) que vous laisserez reposer aussi longtemps que possible avant de la rouler. Vient ensuite la réalisation des plats qui demandent une longue cuisson, comme le dal et le chutney. En attendant que l'eau du halava et du riz bouille, préparez d'autres plats. Tant que vous ne serez pas pleinement accoutumé à la cuisine indienne, il sera sage de veiller à ce que vos épices et ingrédients soient moulus et mesurés au préalable, car certaines recettes exigent un travail ininterrompu. Une bonne habitude à prendre est de tout nettoyer au fur et à mesure; vous pourrez ainsi réutiliser les divers ustensiles dès que vous en aurez besoin. Vous maintiendrez également un état de conscience clair et une joyeuse humeur, et votre travail final n'en sera que facilité.

Le petit déjeuner dans la tradition védique, le petit déjeuner est assez nourrissant: un oupma ou un khitchri, des pois chiches, des puris, un morceau de gingembre frais et un lassi ou un yaourt nature. Si toutefois vous désirez un repas plus léger, un choix étendu vous est offert: purls et confiture, shrikhand et papa-dams, raita, pakoras, ou tout simplement des fruits frais et du yaourt.

Le dejeuner

II se composera de riz et de dal, de chapatis et d'un plat de légumes. Voila un ensemble de mets qui se combinent a merveille pour assurer une bonne digestion, donner des forces et préserver la sante. II s'agit d'un déjeuner typiquement vedique, qui se trouve néanmoins tout a fait approprié a nos besoins occidentaux. Ce livre vous offre un assez large éventail de recettes de riz, de dais, de pains et de plats de légumes afin que vos déjeuners soient différents chaque jour si vous le désirez. En fonction de votre appétit et du temps dont vous disposez pour cuisiner, vous pouvez ajouter a vos repas chut-neys, raitas, entremets sales, sucreries et boissons. II suffit de 45 minutes a une heure pour préparer un tel déjeuner.

Le diner

II est en général plus léger que le déjeuner. II peut se composer d'un plat de légumes, d'un chutney, d'un entremets sale, d'une douceur et d'un pain. Nous vous recommandons également de boire une tasse de lait chaud juste avant d'aller dormir.

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