Lorsque les Occidentaux pensent à l'Inde traditionnelle, le yoga leur vient aussitôt à l'esprit. Du fait que le yoga est divisé en huit phases (voir le tableau suivant), on l'appelle ashtanga-yoga, «l'octuple sentier»; mais il est surtout connu sous le nom de hatha-yoga, pour les postures et les exercices de respiration. Le mot yoga vient de la racine sanskrite yuj, qui signifie «se relier, s'unir à». Il est donc semblable à religio, la racine latine du mot «religion» qui signifie «unir ». La religion et le yoga ont donc la même finalité : relier ou unir à Dieu.
Dans l'Inde médiévale, le yoga fut systématisé par Patanjali dans son Yoga-sutra, un ouvrage qui explique la méthode grâce à laquelle on peut apprendre à maîtriser le corps et le mental, dans le but ultime de les utiliser, une fois affinés, au service du Seigneur. Dans le yoga, le corps est vu comme le temple de l'âme. Par diverses postures (asanas) et la maîtrise de la respiration (pranayama), le yoga favorise la santé physique et le bien-être mental qui aident à fortifier ce «temple». En Occident, l'aspect santé est devenu une fin en soi; mais dans le cadre du yoga traditionnel, il ne s'agit là que du premier pas vers la réalisation spirituelle.
De même qu'en Occident on tend à négliger l'assise profondément spirituelle du yoga, les yogis de l'Inde peuvent être détournés du but ultime du yoga par la recherche des perfections ou pouvoirs mystiques, les siddhis, décrits dans le chapitre 3 du Yoga-sutra de Patanjali. Au nombre de huit, ces perfections incluent le pouvoir de se faire infiniment petit (anima-siddhi), de se déplacer dans les, airs ou sur l'eau (laghima-siddhi), ou de prendre des objets situés à d'immenses distances (prapti-siddhi).
Tous ces yogas-siddhis demeurent en fin de compte des arts matériels, autant accessibles par la science matérialiste que par le yoga. À titre d'exemple, le laghima-siddhi - qui permet de flotter dans les airs ou sur l'eau - est désormais rendu possible par l'avion ou le bateau. Le vashita-siddhi, qui permet d'exercer sa domination sur autrui, peut être obtenu grâce à l'hypnose.
À l'opposé de ces perfections yogiques, le but du bhakti-yoga est d'améliorer notre relation avec le Suprême, un exploit sans équivalent sur le plan matériel. Dans le chapitre six de la Bhagavad-gita, Krishna dit à Arjuna de ne pas s'inquiéter car il est d'ores et déjà un yogi accompli. Il informe Arjuna que d'entre tous les yogis - hatha-yogis, jňana-yogis, dhyana-yogis ou karma-yogis - aucun ne surpasse le bhakti-yogi: «De tous les yogis, celui qui, avec une foi totale, demeure toujours en Moi et médite sur Moi en Me servant avec amour, celui-là est le plus grand et M'est le plus intimement lié.» (B.g., 6.47)
Le système du YOGA
Les 8 phases de l'Ashtanga-yoga
Préparation indirecte
- yama (la pratique des préceptes)
- ahinsa (la non-violence)
- satya (la véracité)
- asteya (l'honnêteté)
- brachmacharya (l'absence de cupidité)
- niyama (la pratique des vertus)
- saucha (la pureté)
- santosha (la sérénité)
- tapas (la discipline)
- svadhyaya (l'étude, surtout des textes sacrés)
- ishvara pranidhana (l'abandon à Dieu)
- asana (les postures)
- pranayama (la maîtrise de la respiration)
- pratyahara (le désengagement des sens)
Préparation directe
- dharana (la concentration)
- dhyana (la méditation)
- samadhi (l'extase)
Pratique avancée
L'exercice de pouvoirs extraordinaires et la pratique de formes avancées de méditation qui mènenet au kaivalya (l'absorption et la liberté totales)
« Et quand, purifié de toute contamination, le yogi s'efforce sincèrement de progresser sur la voie de la réalisation spirituelle et atteint la perfection après de nombreuses vies de pratique, il accède finalement au but suprême. »
- Shri Krishna
Bhagavad-gita 6.45
Les ORIGINES DU VAISHNAVISME
«Si le hatha-yoga jouit d'une grande popularité en Occident, d'autres formes ou branches de yoga remarquables ont été éclipsées. L'une d'elles, le bhakti-yoga, s'inscrit dans une tradition plus ancienne que le yoga de "l'énergie" (hatha). En fait, la voie de la dévotion (bhakti) plonge ses racines dans le rituel mystique des Védas, les Écritures sanskrites ancestrales désormais considérées comme datant de plus de quatre mille ans.»